Les Clés de l'Équilibre Hormonal : focus sur la phase lutéale et la progestérone

Les Clés de l'Équilibre Hormonal : focus sur la phase lutéale et la progestérone

La phase lutéale est la période qui suit l’ovulation, elle se clôture le jour qui précède les règles. Elle commence donc une fois la montée de température confirmée, l’absence de glaire et l’observation du col de l’utérus bas et dur. Cette période, tout comme les autres périodes du cycle, est très importante pour la santé de la femme, que l’on soit en période de conception ou non. Pourquoi, car cette phase est marquée par une production importante de progestérone, et nous allons voir dans cet article : 

  1. L’importance de cette hormone pour la santé des femmes
  2. Les signes d’un manque de progestérone
  3. Ce que l’on peut faire pour optimiser notre production de progestérone.

L’importance de la progestérone

Pour comprendre le rôle de la progestérone, faisons une petite révision des principales hormones du cycle : les œstrogènes et la progestérone. 

Les œstrogènes sont principalement produits par les ovaires en quantité importante pendant la première partie de cycle (phase folliculaire). La production d’œstrogènes durant cette phase du cycle prépare l’ovulation en permettant  la maturation d’un follicule dominant. Ce follicule sera ensuite expulsé grâce au pic de LH : c’est la fameuse ovulation.


La progestérone, quant à elle, est (majoritairement) produite dans la deuxième partie du cycle, après l'ovulation, par le corps jaune (l’enveloppe de l’ovule qui a été expulsé lors de l’ovulation). La production de progestérone entraîne une augmentation de la température basale du corps, un assèchement de la glaire cervicale ainsi que des modifications au niveau du col de l’utérus (dur, fermé, bas). Pourquoi tous ces changements ? Pour permettre de préparer le corps a une éventuelle grossesse s’il y a eu fécondation dans ce cycle et pour empêcher une seconde grossesse. 


 Voici ci-dessous une liste récapitulative (mais non exhaustive) de leurs effets dans le corps féminin :


Effets des œstrogènes

Effets de la progestérone

Augmentent le tissu adipeux

Augmente la température corporelle et aide à l’utilisation des graisses pour la production d’énergie

Augmentent la rétention d’eau 

Diurétique naturel

Effets positifs sur la mémoire et la cognition. Ont également un rôle à jouer dans l’activation de la sérotonine et de la dopamine.

Effet antidépresseur et anxiolytique

Interfèrent avec le fonctionnement thyroïdien

Facilite le fonctionnement thyroïdien

Remplissent un rôle de croissance, prolifération des cellules. 

Accroissent cependant le risque de cancer du sein et la formation de kystes

Stabilise, freine la croissance cellulaire. Protège ainsi contre le cancer du sein et de l’endomètre et la formation de kystes


Les oestrogènes et la progestérone remplissent ensemble des rôles essentiels pour la santé de la femme. L’une n’est pas meilleure que l’autre ! Ces hormones sont absolument complémentaires.

Il est donc important d’avoir un bon équilibre oestrogènes-progestérone et donc de produire suffisamment de progestérone pour protéger le corps de la femme des effets des oestrogènes.


En effet, les risques d’un manque de progestérone sont des risques plus élevés de troubles du sommeil, d’ostéoporose, de cancers hormono-dépendants, de troubles cognitifs, migraine, ralentissement des fonctions thyroïdiennes, perturbations immunitaires etc. 

Il est également intéressant de noter qu’en cas de désir de conception, un faible taux de progestérone en phase lutéale augmente le risque de fausse couche. Il est donc important de préparer son corps avant de lancer les essais bébés afin d’optimiser son taux de progestérone et ainsi sa phase lutéale.


Quand il y a plus d’œstrogènes que de progestérone en phase lutéale, on parle d’hyperœstrogénie, ce déséquilibre hormonal est malheureusement présent chez de nombreuses femmes. Il existe deux origines à ce déséquilibre : Œstrogènes > Progestérone

1) Une bonne production de progestérone, mais un excès d’œstrogènes par mauvaise élimination de ceux-ci. On parle ici d’hyperœstrogénie.

Causes possibles : 

  • Un foie qui n’arrive pas à faire son travail de détox (stress, perturbateurs endocriniens, manque de nutriments)
  • Un microbiote intestinal déséquilibré et une présence de perméabilité intestinale et/ou de constipation, un déséquilibre de l’oestrobolome (microbiote responsable de la métabolisation des œstrogènes). Les œstrogènes sont alors réabsorbés dans la circulation sanguine et sont réactivés par le foie


2) Un bon niveau d’oestrogènes, mais un manque de progestérone. On parle ici d’hyperœstrogénie relative

Causes possibles : 

  • Carences micronutritionnelles, 
  • Régime hypocalorique,
  • Mauvaise qualité ovocytaire et donc mauvaise qualité du corps jaune
  • Excès de sport
  • Excès de stress 
  • Hypothyroïdie
  • Hyperprolactinémie
  • Manque de cholestérol

Mais alors, comment savoir si on manque de progestérone ? C’est ce que nous allons explorer juste après. 


Les signes d’un manque de progestérone

Comment savoir si on manque de progestérone grâce à nos observations ?

Plusieurs pistes qui peuvent nous mettre la puce à l’oreille. 


  • Les spottings en fin de phase lutéale
  • La progestérone a comme rôle de vasculariser et maintenir l’endomètre pour accueillir une éventuelle grossesse. Si l’on manque de progestérone, l’endomètre risque de se détacher trop tôt : entraînant des spottings sur plusieurs jours en fin de phase lutéale


    À noter que le spotting peut avoir différentes causes, il est important de se faire accompagner et de se tourner vers son professionnel de santé. 


  • Une phase lutéale courte
  • Idéalement, la phase lutéale dure au moins 11 jours.  Si la phase lutéale dure <11 jours, cela est souvent signe d’un manque de progestérone. La progestérone n’est pas présente en quantité suffisante pour maintenir l’endomètre assez longtemps et les règles arrivent trop tôt. 


    D’où l’importance d’observer son cycle avec la méthode symptothermique pour valider son ovulation et être capable de calculer avec précision la durée de la phase lutéale. 

     

    • Troubles d’humeur, anxiété

    La progestérone ayant un rôle puissant d'antidépresseur naturel, des troubles de l’humeur et une présence d’anxiété en phase lutéale peuvent être signe d’un déséquilibre oestro-progesteronique

    • Plateau de température en dents de scie

    En phase lutéale, un plateau de température qui n’est pas stable, mais plutôt en dents de scie est signe que la progestérone n’est pas présente en quantité suffisante pour maintenir un plateau de température haut et stable. 

     

    • Analyses biologiques

    On peut également vérifier son niveau de progestérone en faisant doser cette hormone stéroïdienne en milieu de la phase lutéale. Par exemple, si la phase lutéale dure 14 jours, alors il sera intéressant de faire doser la progestérone 7 jours après l’ovulation. 

    À ce moment, le taux idéal se situe autour de : >15-20 ng/mL.

    • Autres signes

    D’autres signes peuvent mettre sur la piste d’un déséquilibre œstrogènes/progestérone en phase lutéale, notamment la rétention d’eau, les troubles de sommeil, un SPM fort etc. 




    Augmenter son niveau de progestérone

     

    Comment augmenter son taux de progestérone si l’on suspecte un manque ? Voici ici les points clés. 

    Gestion du stress

    La progestérone est fabriquée à partir de la prégnénolone. Cependant, cette même hormone est utilisée pour la production du cortisol. Notre corps priorisant notre survie, les périodes de stress intenses et prolongées ‘volent’ la prégnénolone pour la synthèse du cortisol, au détriment de la synthèse de la progestérone. Une bonne gestion du stress est donc essentielle pour assurer une bonne production de progestérone ! Il est donc important de prioriser suffisamment de temps à soi et d’activité relaxante (yoga, marche, activités créatives, etc).

     

    Alimentation

    Pour assurer une bonne qualité ovocytaire et par conséquent une bonne production de progestérone, il est important d’adopter une alimentation riche et variée, anti-inflammatoire et antioxydante. On va miser le plus possible pour une composition de l’assiette suivante : 25 % de protéines, 25 % de glucides IG bas, 50 % de légumes variés, frais et de saison. Il est également important d’éviter les régimes hypocaloriques et le jeûne intermittent matinal (pas de petit-déjeuner) qui ajoute un stress supplémentaire à l’organisme. 

    La progestérone ainsi que les autres hormones stéroïdiennes sont fabriquées à partir du cholestérol. Il est donc important d’apporter suffisamment de bonnes matières grasses dans son alimentation et d’oméga-3 de bonne qualité par les petits poissons gras (maquereaux, sardines, etc) ou des compléments alimentaires.

    En micronutrition, les vitamines et minéraux essentiels au bon équilibre oestrogènes/progestérone sont les suivants : 

    • Le magnésium : Il est anti-inflammatoire, régule le système nerveux, favorise un sommeil de qualité et la bonne métabolisation des œstrogènes. Sources alimentaires : oléagineux, graines et feuilles vertes…
    • Le zinc : action anti-inflammatoire, anti-androgènes, soutient la bonne production des hormones thyroïdiennes, soutient le système nerveux. Sources alimentaires : viandes, poissons, jaune d’œufs, graines de courges (...). 
      • La vitamine D : Agit sur l’expression de plus de 200 gènes dans le corps ! Ses rôles, entre autres : anti-inflammatoire, gestion de l’insuline, amélioration de la qualité ovocytaire, puissant régulateur hormonal. Sources alimentaires : jaune d’œufs, maquereaux. Penser à se supplémenter selon les bilans sanguins. 
      • La vitamine B6 : rôle important dans la bonne métabolisation des œstrogènes et la production de la progestérone. Sources alimentaires : abats, foie, poisson, avocat, jaune d’œufs (...).
      • Iode : essentiel au bon fonctionnement de la thyroïde et à la bonne métabolisation des œstrogènes. Sources alimentaires : fruits de mer, sel iodé, algues. 

       

      Activité physique adaptée

      Pendant la phase lutéale, les sports à haute intensité peuvent être stressants pour l’organisme.  On va donc plutôt prioriser les sports ‘doux’ (marche, yoga, vélo) et les exercices de renforcement musculaire. 

       

      Phytothérapie

      En cas de déficit en progestérone, on peut également se tourner vers certaines plantes qui sont très intéressantes pour soutenir sa production. Notamment : 

      • L’alchémille :  action progestérone like, également anti-spasmodique, anti-inflammatoire. À utiliser en tisane à raison de 3 tasses par jour en phase lutéale. 
      • Le gattilier : stimule la synthèse de la progestérone par le corps jaune. Également anti-prolactine, anti-androgènes, anti-œstrogènes. Contre-indications en cas de cancers hormono-dépendants, grossesse et allaitement.  
      • Les bourgeons de pommier : progestérone-like. Également anti-oxydant, diurétique et anti-inflammatoire.

      À noter que les plantes et les compléments agissent comme une béquille. Il est donc essentiel de travailler en parallèle sur la cause profonde du manque de progestérone. 

       

      Conclusion 

      Un bon équilibre œstrogènes-progestérone est essentiel pour la santé des femmes. 

      L’observation du cycle grâce à la symptothermie nous offre une façon pratique et accessible de repérer d’éventuels signes indiquant un manque de progestérone. À partir de ses observations, de nombreuses actions peuvent être mises en place selon les causes profondes du manque de progestérone afin de rétablir cet équilibre. 



      Bibliographie

      Accompagnez votre SOPK au naturel - Céline Hovette

      Cycle féminin au naturel - Marion Vallet, Dr Sophie Saab-Tsnobiladzé

      Favorisez votre fertilité au naturel - Hannah Livage

      Period Repair Manual - Lara Briden

      Manuel pour une fertilité émancipée - Laurène Sindicic, Dr Jean-Pierre Andine 



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